Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant les hospitalisations en baisse dans le réseau IRIS.

de
Isabelle Emmery
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°773)

 
Date de réception: 28/09/2023 Date de publication:
Législature: 19/24 Session: 23/24 Date de réponse: 07/02/2024
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
11/01/2024 Question orale transformée en question écrite p.m.
16/01/2024 Recevable p.m.
 
Question    Un rapport d’activité récent du réseaux IRIS fait état d’un recul du nombre de passages aux urgences de 5% par rapport à 2022, dans les hôpitaux généraux du réseau et de 16% à l’HUDERF. Etant donné que plus de 40% des admissions en hospitalisation classique se font suite à un passage aux urgences, cela impacte fortement l’activité? d’hospitalisation classique. Effectivement, si l’on remonte plus loin dans le temps, par rapport a? 2019, le recul des admissions classiques via les urgences est de l’ordre de 17% dans les hôpitaux généraux, et de 45% à l’HUDERF.

Bien sûr, aujourd’hui, une série d’interventions se font désormais en ambulatoire et ne nécessitent plus d’hospitalisation. Néanmoins, la croissance des « One day » n’explique pas le recul du nombre d’admissions en hospitalisations classiques.

Autre constat : la dure?e de se?jour en hospitalisation classique s’est allongée. Ce qui peut se justifier par le fait que les cas légers sont pris en charge en ambulatoire, les cas plus lourds étant traités dans des unités de soins en sous-effectifs dus notamment aux problèmes de recrutement et à l’absentéisme...

On le voit, les chiffres d’activité de nos hôpitaux publics ne rattrapent toujours pas la période pré-crise sanitaire. Une des causes peut être à trouver dans la pénurie de personnel infirmier et la difficulté de recrutement. Plusieurs explications peuvent y être trouvées : dure?e des e?tudes, pe?nibilite? du travail, etc.

Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,

  • Ces constats sont-ils partagés par les autres régions? Est-ce évoqué en CIM santé?

  • Les délais d’attente pour une intervention chirurgicale semblent de plus en plus longs en Belgique aux yeux des citoyens. Est-ce réellement le cas en Région bruxelloise ? A quoi attribuez-vous ce fait s’il est confirmé?

  • La crise sanitaire a permis de mettre en exergue les problèmes structurels auxquels sont confrontés les hôpitaux. Quelles réflexions sont-elles menées aujourd’hui sur l’avenir de l’offre de soins en Région de Bruxelles-Capitale ?

Si l’on se penche sur le nombre d’accouchements, tous hôpitaux confondus, les chiffres confirment également une diminution. Entre 2019 et janvier 2023, cette diminution s’élève à 13% au niveau de la Re?gion bruxelloise. Cette baisse est en ligne avec le constat fait dans nos hôpitaux publics. Un article du Soir datant de mai dernier indiquait d’ailleurs que la baisse de natalité dans notre Région est 2 fois plus importante que dans le reste du pays1...

  • Il me revient que, vu cette baisse de natalité conséquente dans notre région, des actions sont menées visant à diminuer l’encadrement en personnel au niveau des maternités pour le réaffecter dans d’autres unités de soins, plus en demande. Me le confirmez-vous ? Quel regard portez-vous sur cette solution ?

1 Le Soir du 24 mai 2023 : La baisse de la natalité est deux fois plus importante à Bruxelles

 

 
 
Réponse    En tant qu’administratrice attentive de la faîtière IRIS vous êtes une observatrice privilégiée de ces tendances hospitalières, elles sont tout à fait objectives et en fait observées dans tout le pays…
Si on regarde les résultats de l’étude MAHA 2023, présentée mi-novembre (donc après la rédaction de votre question), la baisse des hospitalisations classiques concerne globalement toutes les entités belges, au profit d’une augmentation des hospitalisations de jour amorcée avant 2019 mais bien plus franche depuis 2022 notamment suite à une modification plus avantageuse du financement fédéral pour celles-ci. Et comme vous le dites cette augmentation de l’hospitalisation de jour ne compense pas la perte d’activité en hospitalisation classique, et artificiellement y fait monter la moyenne de durée de séjour... principalement car il manque d’infirmières et d’infirmiers. Je ne développerai pas plus cet aspect puisque c’est l’objet de ma réponse à la question posée par votre collègue Ibrahim Domnez.

Le problème posé par ce transfert d’une partie importante des activités de l’hospitalisation classique vers la one day, et sa non-compensation partielle par des hospitalisations classiques est surtout financier. Car le financement hospitalier, j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer ici en commission, est basé pour une grande part sur l’activité médicale mais également pour une grande part sur l’occupation des lits en, hospitalisation classique. Donc à défaut d’un nouveau système de financement fédéral, les tendances actuelles font courir des risques financiers très importants à nos hôpitaux.


Par ailleurs, comme vous le savez également comme administratrice à la faîtière, si la baisse d’activités et les difficultés financières sont bien nationales, elles sont encore plus aigües pour nos hôpitaux publics bruxellois qui concentrent 3 difficultés supplémentaires au regard du mode de financement actuel : une offre multisite de proximité, des médecins principalement salariés, et une grande proportion de patientèle à laquelle il n’est pas possible d’appliquer des suppléments d’honoraires. Ces 2 derniers éléments sont absolument à prendre en compte dans un nouveau mode de financement fédéral… et je l’ai à plusieurs reprises exprimé en CIM Santé publique chaque fois que le ministre fédéral aborde l’avancée, trop lente à notre estime, de ses travaux de réforme. Le premier élément, une offre multisite de proximité, est une caractéristique bruxelloise que nous souhaitons conserver, elle est encore mentionnée comme élément stratégique de l’offre hospitalière dans le PSSI adopté récemment. Mais pour conserver cette caractéristique nous allons devoir nous mettre autour de la table, l’ensemble de forces politiques de notre région, et aussi avec les hôpitaux privés, afin de voir comment le faire avec les moyens dont nous disposons.

Comme je le dis en réponse à Monsieur Donmez, il me semble clair que la réorganisation de l’offre hospitalière à Bruxelles devra être, avec celle de l’offre en ressources humaines soignantes, un autre élément clé d’un prochain accord de gouvernement.

Pour ce qui est plus précisément des accouchements en hospitalisation classique, notre région a effectivement rejoint la tendance nationale de baisse de natalité qui était déjà présente depuis plusieurs années dans les 2 autres entités. Suivant l'étude du KCE "Une réduction du nombre de maternités est possible dans notre pays" , ces tendances étaient attendues, et ce rapport confirme des recommandations déjà faites en 2016 de fermeture de plusieurs maternités dans plusieurs communautés/régions. Mais au regard des données de ce rapport, même si la dénatalité se poursuit encore durant 5 ans aucune des maternités bruxelloises ne fait partie des 17 maternités du pays qui pourraient être concernées par une fermeture. Il est par contre évident, sans devoir fermer l’ensemble de la maternité, que chaque hôpital doit adapter son offre sur base de cette tendance, c’est un principe même de bonne gestion. Mais je pas connaissance d'actions d'hôpitaux bruxellois visant à diminuer l’encadrement en personnel au niveau de leurs maternités pour le réaffecter dans d’autres unités de soins plus en demande… il s’agit à ma connaissance plutôt d’hôpitaux qui ont arrêté de recruter de nouvelles sages-femmes étant donné la baisse d’accouchements.